Interview de Vincent Guiot, Son promo 2010



Aujourd’hui, on ouvre une nouvelle rubrique avec BAM. On part à la rencontre des anciens. Pour commencer, je vous propose de faire connaissance avec Vincent Guiot. L’électro-acoustique, ça vous parle ? Dans tous les cas, vous allez apprendre beaucoup de choses grâce à cette interview.

 

Bonjour, qui es-tu ?
Bonjour, je m’appelle Vincent Guiot, anciennement sondier au BTS de Boulogne Billancourt de 2008 à 2010 et toujours officiellement étudiant.

Quel est ton parcours depuis le BTS ?
En sortant du BTS j’ai longuement hésité entre chercher un travail en tant que technicien du son dans l’audiovisuel ou poursuivre des études. Je suis finalement entré d’une part en faculté de musicologie à Paris 8 et d’autre part dans des conservatoires d’arrondissement pour entamer des études musicales. De fil en aiguille, après avoir suivi différentes formations (principalement en ateliers de jazz et dans un cursus d’écriture classique) je suis rentré dans la sphère des musiques expérimentales et électroacoustiques, pour finalement obtenir un DEM (diplôme d’étude musicale) de composition électroacoustique avec 1er prix au CRR de Paris en 2015. Actuellement je termine un Master 2 “Théorie & Recherche” de musicologie, tout en développant en parallèle les différents projets que j’ai construit ces dernières années.

En quelques mots, décris-nous ton métier pour ceux qui ne le connaissent pas ?
Mon métier… ou plutôt mon fond de revenu puisque comme je l’ai dit, je jouis encore de mon statut étudiant le temps d’établir un réseau solide de relations professionnelles. J’organise en bref ma survie d’artiste, dans le domaine de la création musicale et sonore. Cela veut dire, dans mon cas, de la scène en temps que musicien (guitariste, chant, machines), de la composition et de l’interprétation acousmatique (musique électroacoustique), de la création d’installations sonores pour des festivals, et de la composition de musiques appliquées pour le cinéma, le théâtre et la danse.

Pourquoi t’es-tu dirigé vers l’électro-acoustique  ?
J’ai découvert la musique électroacoustique à l’université Paris 8, dans mes cours de CAO (composition assistée par ordinateur). Lors d’une démonstration de jeu “live” de cette musique, spatialisée sur ce que l’on appelle un acousmonium (orchestre de haut-parleurs) j’ai décidé de postuler pour un stage de cette étrange discipline. Finalement j’ai renouvelé ce stage d’1 semaine sur 3 années consécutives, ce qui me permet actuellement d’interpréter régulièrement cette musique en concert, sur les dispositifs de France et d’ailleurs. Au cours de ce stage, les tuteurs m’ont invité à tenter le conservatoire régional de Paris pour y apprendre la composition auprès des compositeurs Denis Dufour et Jonathan Prager, ce que j’ai fait. Le monde encore très méconnu de cette musique s’est ouvert à moi et je l’explore toujours. En tant qu’amoureux du son, cette musique m’a d’emblée séduit et j’ai trouvé à travers sa pratique un endroit propice pour y développer à la fois mes capacités créatives et mon travail du son.

Et la musicologie ?
La musicologie a d’abord été un point de chute en sortant du BTS, puis s’est profilé avec le temps en un véritable espace de découverte et de recherche musicale. J’y ai développé et développe encore des réflexions autour de sujets qui questionnent mes intentions et moyens d’artiste, comme par exemple les perspectives d’écologie sonore ou encore les nouveaux outils de création et d’interprétation musicale. J’envisage même de continuer à accompagner mon travail de création par une recherche doctorale dans les années à venir.

Quelle est ton actualité ?
Actuellement, et bien je compose surtout, en vue de présenter ma dernière création aux journées nationales électroacoustiques à Chalons sur Saône le 13 octobre, pour lesquelles je suis invité. Je prépare également une résidence d’interprétation acousmatique en vue d’un concert spécial qu’organise la compagnie musicale Alcôme. Et puis sinon toujours quelques concerts par-ci par-là avec mes différents groupes pour s’entretenir un peu sur scène!

Et quels sont tes projets ?
Parmi les projets, je pense surtout à une création musicale pour une pièce de théâtre, le lancement d’un collectif de compositeurs de musiques appliquées dont je fais partie, et le développement d’un projet scénique personnel.

Quel statut as-tu choisi pour exercer ton activité ?
Afin de gérer ces différentes activités, j’ai adhéré au statut d’auto-entrepreneur il y a 1 an. Celui-ci me permet, lorsque je travaille au service de structures, de pouvoir facturer mon travail. En effet, les cachets intermittents ne sont pas du tout systématiques voir parfois inexistants, comme par exemple lorsque je compose des musiques pour l’écran.

Peux-tu nous citer un des moments marquants de ta vie professionnelle ?
Récemment, j’ai eu le plaisir d’écouter une de mes pièces électroacoustiques au festival Futura, un festival de musique acousmatique qui a lieu chaque été dans la Drôme et qui possède un des plus grand acousmonium au monde. Entendre sa musique dans de telles conditions a été pour moi une sorte d’accomplissement personnel, et en même temps le début d’une aventure qui je l’espère continuera d’être aussi intense!

Comment les compétences que tu as acquises au BTS te servent-elles aujourd’hui ?
Je dirai que les compétences techniques que j’ai acquises au BTS me servent dans plusieurs situations. D’abord, la technique de montage et mixage sur logiciel (Pro Tools et compagnie) me sert à la fois pour composer de la musique électroacoustique ou appliquée, mais aussi lorsque je travaille ponctuellement en tant que monteur son dans une entreprise de post-production de séries animées. Ensuite les techniques de prise de son me servent au quotidien pour tous mes projets musicaux, qu’ils soient instrumentaux (ce qui me permet d’enregistrer mes propres maquettes) ou acousmatiques, en studio ou sur scène.

Si tu devais citer un souvenir du BTS ?
L’effervescence au moment des EPS, le BTS qui se transforme en champ de bataille audiovisuel. Je m’arrête sur ce souvenir car je pense que c’est à ce moment là que j’ai pris un virage vers la musique dans mon orientation professionnelle … Je me suis retrouvé (bien volontairement!) à composer par-ci par-là des jingles, génériques et habillages musicaux pour les reportages de la plupart des groupes. Ce fut pour moi une expérience à la fois très amusante mais très sérieuse, et qui a finalement beaucoup compté dans mes choix de vie professionnelle.

Que penses-tu de BAM ?
Je pense que l’initiative de créer un réseau d’anciens élèves est une bonne chose. Cela pourrait permettre aux étudiants du BTS de rencontrer des professionnels aux profils qui les intéressent, ne serait-ce que pour des conseils quant à leur orientation professionnelle. L’idée de créer une sorte de plateforme dynamique peut également donner lieu à des échanges de connaissances, de savoir-faire, d’expériences vraiment enrichissants. Je pense éventuellement à l’organisation de présentations, stages, master class.. quelque chose de vivant quoi !

Merci Vincent d’avoir répondu à nos questions.

Interview réalisée par Estelle début octobre 2015

 



Informations sur l'article
Auteur    Estelle Lembert
Ajouté le   18/06/2016
Modifié le   20/06/2016